La Covid-19 : Une pandémie qui appelle au développement de l’ingénierie biomédicale au Maroc
La COVID-19 qui a sévit le monde depuis janvier 2020, a mis à mal tous les systèmes de gouvernance au monde et à leur tête les politiques publiques en matière de santé. Au 20 Mars 2020, l’OMS a recensé 250.856 cas atteints du coronavirus dont 10.389 décès et 87.284 patients guéris. Toutes les statistiques démontrent bien qu’aucun pays n’a été prêt à faire face à une telle pandémie.
Une pandémie qui a, tout d’abord, questionné la performance de nos systèmes de santé. Une performance que nous étions habitués à mesurer via le nombre de médecins par habitat et que nous étendions accessoirement aux nombres d’infirmiers, aides-soignants et sages-femmes. Le commun des mortels ne voyait que ces professions dans les structures hospitalières et ne réclamait que l’augmentation de leurs effectifs. Nous avions rarement posés la question sur la capacité litière de nos hôpitaux ou centres de soins et leurs niveaux d’équipement. En fait, nous n’avions, presque jamais, posés la question sur le nombre de chercheurs, d’ingénieurs et de techniciens qui opèrent dans ce secteur vital. C’est à ces acteurs de l’ombre que la COVID-19 aura le mérite de nous y faire intéresser dorénavant.
Le facteur commun entre ces trois corps est qu’ils sont les spécialistes de l’ingénierie biomédicale, le grand backoffice délaissé par nos politiques publiques. Aviez-vous déjà entendu parler de cette discipline ? Cet article essayera de vous y rapprocher tout en se focalisant sur l’ingénieur/e biomédical/e qu’est au carrefour de la recherche scientifique en médecine, de la mise en place des nouvelles technologies et de la veille et la maintenance de l’existant.
Un second article suivra pour détailler davantage le rôle central de ces métiers dans un système de santé et pour vous dire comment la COVID-19 a dévoilé notre totale défaillance sur cet axe.
- C’est quoi l’ingénierie Biomédicale ?
L’ingénierie biomédicale est l’« application des principes et des techniques de l’ingénierie dans le domaine médical visant au contrôle des systèmes biologiques ou au développement d’appareils servant au diagnostic et au traitement des patients. Ce domaine est un mélange de médecine, de biologie, d’ingénierie et de physique »[i].
Connue aussi par l’appellation « Bio-ingénierie », elle a été le principal contributeur au révolutionnaire développement d’outils et techniques médicales durant les dernières décennies. Elle n’a cessé et continue de sauver des vies, d’améliorer le quotidien d’une large population en souffrance ou ayant des besoins spécifiques. A titre d’exemple, elle a été derrière les avancées faites au niveau des : Organes artificiels, Robots chirurgicaux, Prothèses avancées, Nouveaux médicaments pharmaceutiques, Dialyse du rein, radiologie conventionnelle ou numérisée, mammographie, scanographie, échographie, IRM ainsi que toutes autres machines et outils utilisés par le corps médical.
- De quoi s’occupe l’ingénieur/e biomédical/e ?
Pour l’Office français d’information sur les enseignements et professions (ONISEP) l’ingénieur/e biomédical/e est « un spécialiste des matériels et des équipements de haute technologie destinés au secteur hospitalier, aux établissements de soins et aux professionnels de la santé. Il supervise une équipe de techniciens biomédicaux».
Pour l’association française des ingénieurs biomédicaux (AFIB), l’action de l’ingénieur biomédical s’étend sur dix (10) domaines d’activité : Anesthésie, Réanimation, Radiothérapie, Bloc opératoire, Imagerie, Laboratoire, Maintenance biomédicale, Contrôle qualité, Achats Groupés et informatique et réseaux. D’ailleurs, elle a fait de ces 10 domaines le centre de ces recherches et études.
- En quoi consiste le métier d’ingénieur/e biomédical/e ?
Grosso-modo, le métier d’ingénieur biomédical s’exerce au niveau de quatre spécialisations majeures, à savoir :
- l’ingénierie des dispositifs médicaux : qui s’occupe du développement des produits de santé comme les instruments, appareils, équipements, matières, produits, accessoires et logiciels intervenant dans leurs fonctionnements. A titre d’exemples: les stimulateurs cardiaques, les pompes à perfusion, les générateurs de dialyse, les organes artificiels ; les implants dentaires ; les verres correcteurs et les prothèses oculaires et faciales.
- l’ingénierie clinique : qui consiste en l’application de la technologie médicale pour améliorer et optimiser la prestation des soins de santé. C’est la spécialité des ingénieurs responsables de la gestion et la maintenance du matériel et des dispositifs médicaux dans les hôpitaux ou autres. Ces ingénieurs dits parfois « hospitaliers » sont aussi chargés d’organiser des formations pour s’assurer que le personnel médical et soignant manipule correctement les appareils mis à leur disposition.
- l’ingénierie de l’imagerie médicale : c’est la spécialité des ingénieurs chargés de la conception et la création des techniques complexes d’imagerie au service du diagnostic médical. On en cite à titre d’illustration: la radiologie, la mammographie, la scanographie, l’échographie, IRM, … etc.
- l’ingénierie tissulaire parfois dite « ingénierie de réadaptation» elle se base sur l’ingénierie et l’informatique pour inventer des dispositifs qui peuvent aider les personnes souffrant de déficiences physiques et cognitives. C’est notamment le cas, des équipes qui essayent d’adapter la technique d’impression 3D à la création d’organes.
Au fil des temps et en parfaite corrélation avec le développement des sciences modernes, d’autres voies d’approfondissement ont vu le jour. On en cite notamment :
- la Bio-instrumentation qui utilise l’électronique et l’informatique pour créer les appareils du diagnostic et de traitement les maladies ;
- La Biomatériaux qui s’occupe des matériaux naturels ou conçus en laboratoire et qui sont utilisés dans des dispositifs médicaux ou comme matériaux d’implantation tels que des points de suture qui se dissolvent d’eux-mêmes, … etc ;
- La Biomécanique qu’est l’application de l’ingénierie mécanique à la médecine. Par exemple, la thermodynamique et son impact sur la résolution de problèmes biologiques et médicaux ;
- La Physiologie des systèmes qui fait appel aux outils d’ingénierie pour comprendre comment les systèmes au sein des organismes vivants (par exemple, les bactéries, les animaux et les humains) fonctionnent et répondent aux changements de leur environnement.
- Où travaille l’ingénieur/e Biomédical/e ?
Le plus souvent dans les hôpitaux et les cliniques et c’est là où il œuvre en permanence à améliorer la qualité des soins. Il peut aussi travailler dans l’industrie ou dans une entreprise spécialisée dans la recherche et développement d’équipements de santé.
Bonjour,
Je me permet de vous remercier pour votre article me paraissant intéressant et voudrais vous informer qu’au Maroc également nous avons des acteurs biomédicaux issus des écoles nationales et internationales et grâce à eux que nous maintenons les équipements biomédicaux dans les hôpitaux du royaume.
Également, l’Association Marocaine de Maintenance Biomédicale est la première association du royaume représentant ce métier, techniciens, ingénieurs et chercheurs biomédicaux.
Nous restons à votre disposition pour vous alimenter des informations nécessaires pouvant enrichir les informations de l’article.
Abdelhadi EL FALAKI
Vice-président de l’AMMB
Ingénieur biomédical – Thésard en Ingénierie biomédicale
Lauréat de l’UTC
Abdelfalaki@gmail.com