Articles

L’ingénierie marocaine : enjeux et stratégie du développement – P1-

AHMED AKHCHICHEN

Allocution de Ahmed AKHCHICHEN, Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique durant la Session ordinaire de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques tenue à Rabat, le 24 novembre 2010.

Monsieur le Ministre du Commerce et de l’Industrie,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques,
Mesdames et Messieurs les membres de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques,
Messieurs les Présidents d’universités,

Mesdames et Messieurs,

C’est avec un réel plaisir que je prends part à vos côtés à l’ouverture de cette session ordinaire de l’Académie Hassan II des sciences et techniques, organisée autour du thème de «l’ingénierie marocaine».

Permettez-moi à cette occasion de remercier et de féliciter, le Professeur Omar Fassi-Fehri, Secrétaire Perpétuel de l’Académie et l’ensemble des membres de la famille de cette institution pour le choix de cette thématique d’actualité.

Mesdames et Messieurs,

Le programme scientifique de cette journée révèle, s’il en était besoin, la place centrale et stratégique qu’occupe la formation d’excellence, pour le Maroc d’aujourd’hui et de demain.

Poser la question des enjeux de développement et de stratégie de l’ingénierie marocaine, dans un Maroc en mouvement, qui a ouvert de grands chantiers, et mis en œuvre des stratégies sectorielles ambitieuses et innovantes, s’inscrit en droite ligne du processus de dynamisation du développement de notre pays.

Cette thématique interpelle bien sûr, l’université et les établissements de formation de cadres, en tant qu’espaces d’enseignement et de recherche et de développement des ressources humaines, qui comme vous le savez, connaissent actuellement des mutations profondes avec la mise en œuvre du programme d’urgence. Le choix de cette thématique est également d’actualité, dans la mesure où il vient prolonger l’étude menée récemment par le conseil supérieur de l’enseignement, sous l’impulsion de son regretté président délégué, si Abdelaziz Meziane Belfkih, sur les classes préparatoires aux grandes écoles et les filières d’agrégation.

Mesdames et Messieurs,

Il serait fastidieux de récapituler tout ce qui a été engagé ces dix dernières années en matière de réforme du système éducatif au Maroc. Toutefois, il me parait important de rappeler quelques inflexions du système qui contribuent à l’émergence de cette nouvelle génération de l’ingénierie marocaine à laquelle nous aspirons tous.

La réforme de l’enseignement des sciences, des mathématiques et de la technologie commence à donner des résultats tangibles. Un retour progressif des élèves vers les filières scientifiques, vivier de l’ingénierie, s’opère progressivement.

Les résultats du baccalauréat de l’année 2010 reflètent bien cette tendance, avec plus de bacheliers mathématiques, scientifiques et techniques. Le bassin de recrutement de nos écoles d’ingénieurs est en train de s’élargir.

En matière de formation d’ingénieurs au Maroc, nos écoles ont su formuler des réponses adaptées aux nouveaux besoins inhérents aux grands chantiers structurants de l’économie nationale. L’exemple de l’initiative pour la formation de 10.000 ingénieurs en est l’illustration. Lancée en 2006, cette initiative, avait fixé des objectifs à atteindre sur une base contractuelle entre l’Etat et les établissements de l’enseignement supérieur public et privé.

Nonobstant l’effectif des ingénieurs formés à l’étranger et à travers des formations-reconversion, le dernier bilan en date fait état d’une réalisation, en 2009-2010, de plus de 97% de l’objectif escompté de 10 000 ingénieurs et assimilés par an. Au titre de 2010-2011, l’objectif sera dépassé de 14%.

Mesdames et Messieurs,

Le Maroc dispose aujourd’hui de 33 établissements publics de formation d’ingénieurs dont 15 écoles d’ingénieurs relevant des universités, 11 écoles et instituts ne relevant pas des universités et 7 Facultés des Sciences et Techniques qui forment également des ingénieurs.

Le nombre des nouveaux inscrits dans les écoles d’ingénieurs relevant des universités a été pratiquement triplé durant la période 2007-2010 et les filières d’ingénieurs accréditées ont plus que doublé sur cette même période.

Cependant, nos écoles d’ingénieurs seront confrontées à deux difficultés majeures :

  • en premier, celle de l’harmonisation entre une formation technologique théorique pouvant conduire par la suite à des études doctorales et à la recherche et une formation professionnelle pratique synonyme d’une insertion rapide des lauréats;
  • ensuite, celle d’organiser, d’encadrer et d’évaluer des stages en milieu professionnel. Le programme d’urgence apporte quelques réponses à ces questions à travers une meilleure gestion de l’ouverture de l’université sur son environnement socio-économique.

Mesdames et Messieurs,

L’évolution des systèmes d’information a une incidence directe sur les modes de diffusion du savoir, qui provoquent à leur tour des modifications profondes au sein de la société avec l’apparition de nouveaux métiers et, bien sûr, la disparition d’activités devenues obsolètes.

L’accélération de l’évolution technologique condamne la réussite professionnelle basée sur le diplôme au profit d’un développement permanent de compétences au service d’un projet professionnel. L’école devra passer d’une culture de l’emploi salarié à une culture de l’activité, voire à une culture de l’entreprendre ; d’une culture du travail individuel à une culture du travail par projets en équipe, et en réseau ; et enfin d’une culture de l’offre à une culture de la demande.

La mondialisation ne fera qu’augmenter les risques d’échec de tout système d’éducation et de formation qui n’aura pas compris ce que la société attend de lui et qui n’aura pas su intégrer les enjeux économiques en maîtrisant les risques et en maximisant les opportunités.

Maîtrise des flux, flexibilité, adaptabilité, qualité des formations et interactivité avec le monde socio-économique, tels sont les défis majeurs que notre système d’éducation et de formation se doit aujourd’hui de relever.

Mesdames et Messieurs,

Je suis persuadé que les travaux de cette session consacrée à l’ingénierie marocaine déboucheront, comme l’ensemble des activités organisées par l’Académie Hassan II, jusqu’ici, sur des recommandations qui contribueront à n’en pas douter à l’amélioration des perspectives de développement de la formation dans notre pays.

Je vous remercie pour votre attention.

Partager:

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée