L’UNIM, est-il l‘UNIQUE représentant des ingénieurs marocains ?
1. La création
Créée en Décembre 1971 par des militants de la gauche, l’UNIM se voulait mobilisateur des compétences des ingénieurs marocains pour mieux servir leur pays. Ses fondateurs considéraient que l’indépendance du Maroc obtenue en 1956 ne sera suffisante que si nous échappions du piège de la dépendance économique et culturelle imposé par le colonisateur et ses agents. Pour ce faire, ils ont appelés les ingénieurs à reconsidérer leur approche technocrate et d’agir via cette union pour dresser un état des lieux objectif de la situation du pays et de l’assortir à des solutions réalistes et viables (cf. Charte de l’UNIM).
2. Les réalisations phares
Pour ses dirigeants, c’est grâce à l’union derrière l’UNIM que les ingénieurs marocains ont pu négocier un statut particulier au sein de la fonction publique à partir de 1985. Puis, triompher pour ses améliorations survenues en 2001, 2009 et 2011. Autrement dit, l’UNIM a toujours été l’unique porte parole des ingénieurs de la fonction publique vis-à-vis de la tutelle. C’était lui le négociateur et le cosignataire des montures finales de leur statut particulier avec les divers gouvernements.
3. Représentant unique ou pas ?
L’ing. Abderrahim HANDOUF, Président actuel de l’UNIM et invité de notre webinaire organisé le 06 Octobre 2020 (Visionner à partir de 1 :09 :00), a bien voulu souligner que cette unicité a été entérinée en 2010 par le soutien explicite des centrales syndicales les plus représentatives au Maroc (UMT, CDT, UNMT et UGTM). Elles «ont formalisés auprès du Premier Ministre Marocain, la désignation de l’UNIM étant la seule entité habilitée à représenter les ingénieurs dans le processus du dialogue sociale »dixit A.Handouf.
Ces propos ont poussés des militants bien introduits dans les coulisses de ce dossier à nous contacter pour réfuter une confusion qui a assez perduré : Les centrales syndicales n’ont jamais intronisés l’UNIM comme unique interlocuteur des ingénieurs comme prétendent ses leaders. Les lettres auxquelles les dirigeants de l’UNIM faisaient références, ne contiennent qu’un appel standard au Premier Ministre « Abbas El Fassi » pour réserver une attention particulière aux revendications portées par l’UNIM, PAS PLUS. La publication des dites lettres pourraient trancher cette question.
D’un autre angle, les ingénieurs marocains ne se sont jamais organisés comme un corps sous la coupole des syndicats dits « les plus représentatifs ». Ils n’ont jamais déposés auprès d’eux ou à leurs noms un dossier revendicatif. Par conséquent, c’est un droit que ces centrales n’ont jamais eu pour prétendre le transmettre à autrui. Surtout et de loin à une association politisée par construction.
4. Qu’en est-il du SNIM ?
Le SNIM est un syndicat indépendant qui a vu le jour un certain 21 Avril 2007. Il est le fruit de la coordination entre les associations de lauréats des établissements de formation des ingénieurs au Maroc, quelques sections actives de l’UNIM, l’Association Marocaine des Jeunes Ingénieurs (AMJI) et l’Association Marocaine des Ingénieurs de la Météorologie (AMIMET).
Elles se sont réunies en 2005 pour contrer un décret qui portait préjudice au statut particulier des ingénieurs de la fonction publique. Brusquement, elles se sont retrouvées entrain de remplir le vide occasionné par l’absence des instances centrales de l’UNIM. Il s’avère que ces dernières n’ont donné aucun signe de vie depuis l’élection en 1994 de l’Ing. Ahmed GOUITAA à leur tête.
De retour à notre question principale : l’UNIM est-il le représentant unique des ingénieurs marocains ?
Nous voyons ici un autre représentant qu’est rentrée sur le terrain et qui, apparemment, continuera de mener une guerre d’existence même après 13 ans d’existence.
En effet, pour les dirigeants de l’UNIM, l’unicité sous leur coupole est une condition fondamentale pour faire triompher les causes légitimes de ce corps. Ils considèrent qu’à compter de la tenue du 6ème Congrès de l’UNIM en 2008, l’existence du SNIM n’est plus utile et joue un rôle contre-productif. Ce qui motive sa dissolution. Nous l’avons clairement réécouté lors du même webinaire: « Qu’a-t-on gagné depuis la création du SNIM ? Le SNIM n’a rien concrétisé en faveur de l’ingénierie nationale! Est l’heure de s’unir et nous sommes prêts à discuter de toutes les alternatives. » Dixit l’ing. A.Handouf, Président actuel de l’UNIM.
A notre étonnement, c’était un appel qui a attesté de la prolongation d’un vieux conflit qui continuera de déchirer un corps fragile.
5. Y-a-t il d’autres représentants ?
Pour les ingénieurs marocains opérant dans le secteur privé, la question UNIM ou SNIM est loin d’être leur souci. Les deux structures ont concentré leurs efforts sur les ingénieurs de la fonction publique et peines toujours à s’imposer dans les entreprises. Elles ne disposent pas encore, ni de délégués ni de représentants syndicaux qui peuvent défendre les intérêts de cette tranche de cadres supérieurs en cas de besoin.
Davantage, les ingénieurs établis pour leur propre compte se trouvent aussi loin des radars de ces deux structures. Certes, ils continuent de porter sur elles un grand espoir pour accélérer la création d’un Ordre National qui règlemente leurs métiers. Mais d’ici là, leur majorité préfère concentrer leurs efforts dans les fédérations et associations professionnelles présentent dans leurs secteurs d’activités. Nous en citons : la FMCI, la FENELEC, la FNBTP, etc.
Dans la même lignée, nous pouvons constater un timide retour des ingénieurs vers les associations de lauréats et les organisations politiques dédiées aux ingénieurs. Ces dernières leurs offrent un cadre plus attractif pour s’épanouir, développer leurs réseaux, augmenter leurs opportunités d’affaires et booster leurs carrières.
En conséquence, il est clair que les ingénieurs marocains ont réussis à diversifier les cadres qui les unissent. Entre associations de lauréats, associations et fédérations professionnelles, syndicat indépendant des ingénieurs (SNIM), organisations politiques dédiées aux ingénieurs et Ordre national des ingénieurs géomètres et topographes (ONIGT), il nous semble qu’est devenu plus judicieux d’œuvrer vers la coordination des efforts de toutes ces structures pour faire prévaloir les bonnes causes des ingénieurs marocains, à commencer par la création de l’Ordre National des Ingénieurs Marocains.