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Vers une Compréhension Pluridimensionnelle de l’Intelligence Artificielle au Maroc

Vers une Compréhension Pluridimensionnelle de l'Intelligence Artificielle au Maroc

Le samedi 27 Janvier 2024, l’association des lauréats de l’INSEA « SIGMA21 » et l’AUSIM ont organisé un pertinent séminaire intitulé « Le Maroc à l’ère de l’IA: Quelles stratégies de développement?« .
A son inauguration, M.Mohamed Jaouad EL QASMI, directeur et lauréat de l’INSEA a tenu un discours qui s’articulait en deux parties. La première a étalé la nouvelle vision stratégique de l’INSEA. Tandis que la deuxième a abordé une approche académique de la thématique et que nous reprenons ci-dessous.
Des Intelligences Humaine, Artificielle et Machine
Dans leur ouvrage collectif « L’Intelligence Machine en Afrique en 20 questions », Edition 2023, un ensemble de chercheurs définissent d’abord « l’intelligence humaine » comme étant un concept multiforme qui fait référence à la capacité mentale d’une personne à créer, comprendre, apprendre, raisonner, planifier, résoudre des problèmes, prendre des décisions et s’adapter à des situations nouvelles ou complexes.
Ce groupe de chercheurs identifient ensuite une typologie de l’intelligence humaine : d’action, scolaire, environnementale, méthodologique et existentielle.
En 1956, les chercheurs : Jhon Mac Carthy, Marvin Minsky, Nathaniel Rochester et Claude shanon dans une conférence, ont d’abord définit le terme de « l’intelligence artificielle » comme étant un ensemble de technologies et de techniques permettant à des machines de réaliser des tâches qui, normalement, nécessitent de l’intelligence humaine pour être accomplies.
S’ensuivent alors un ensemble de travaux sur l’apprentissage des machines, l’apprentissage profond, les analyses prédictives et perspectives et les sciences des données.
Aujourd’hui d’autres chercheurs évoquent le terme de « l’intelligence machine » au lieu de « l’intelligence artificielle ». La différence entre les deux concepts IA et IM réside dans le fait que l’IM permet à une machine, algorithme ou logiciel d’interagir intelligemment avec son environnement, d’améliorer ses performances sans être explicitement programmées.
HAS et l’IA : Réflexions sur l’Homme, la Machine et la Rationalité
Avant de parler de l’IA au Maroc, je voudrai rendre hommage à un grand savant considéré par plusieurs scientifiques comme le plus grand savant de l’humanité : Herbert Alexander Simon (HAS), titulaire du Prix Nobel en économie en 1978 et son équivalent, le prix Turing en informatique et plus précisément en IA.
Les rapports entre l’homme et la machine, s’est imposée très tôt à Simon, et l’a amené à étudier l’assistance possible de l’ordinateur (tout en conservant sous-jacente l’idée de remplacement potentiel de l’homme).
L’hypothèse de base de Simon, étant la similitude entre l’organisation de l’ordinateur et celle du cerveau de l’homme. Le décideur, avec sa rationalité limitée cherche à ses problèmes la solution satisfaisante plutôt que la solution optimale qu’il ne peut trouver faute de disposer d’une capacité de traitement suffisante, et que seul l’ordinateur comblerait une partie des lacunes de l’homme, contribuant ainsi à l’aider à accroître sa rationalité dans sa prise de décision.
Dans toutes ces recherches, Simon a essayé d’analyser l’impact de la machine sur l’art de la gestion. Ainsi, la machine augmente les capacités de traitement de l’information pour l’organisation, elle permet d’augmenter le degré de rationalité collective et de développer des réponses appropriées à des situations d’incertitude.
Simon a pu transformer la vision des structures organisationnelles, du mode de fonctionnement des organisations et du décideur. Pour lui, l’IA est un moyen pour aider les processus de décision et même de prendre les décisions.
Selon Simon l’IA doit raisonner comme le fameux espace SOLVER créé par ses soins en collaboration avec Newel.
Le « General Problem Solver » (GPS) de Newell et Simon est le système de résolution de problème le plus important dans l’histoire de l’intelligence artificielle (IA). Il a été le premier modèle complet du traitement humain de l’information. Quelque peu démodé aujourd’hui, il continue néanmoins à travers son successeur (le modèle SOAR) d’influencer d’une façon significative les modèles du traitement symbolique de l’information.
L’Intelligence Artificielle au Maroc : Innovations et Perspectives
En 2022, dans sa recherche intitulée « L’intelligence artificielle au Maroc : entre encadrement réglementaire et stratégie économique » l’auteur Abdeslam Saad Jaldi, affirme que l’intelligence artificielle connait un essor considérable au Maroc. Celle-ci s’applique particulièrement dans les domaines de traitement des images, le speech-to-text et le texte.
S’agissant des images, l’usage de l’intelligence artificielle s’avère prépondérant dans les radars reconnaissant les matricules, les caméras installées dans les villes comme Casablanca ou Marrakech gérant les trafics de circulation, les images satellites qui peuvent être appliquées dans le domaine de l’agriculture, l’organisation du transport en commun dans les grandes métropoles de Casablanca, Rabat et Marrakech ou, encore, la mise en place d’un dispositif de reconnaissance faciale à l’aéroport de Rabat-Salé. La technologie du speech-to-text qui fait partie du champ interdisciplinaire de l’intelligence artificielle permet de transformer n’importe quel contenu audio en texte écrit. Très récurrent dans les entreprises, le speech-to-text à travers le « Machine Learning » permet aux entreprises de gagner du temps en leur évitant d’avoir à taper manuellement sur le clavier. Il leur suffit alors de dicter le texte et de laisser l’ordinateur se charger de le retranscrire à l’écrit.
Les Perspectives de Croissance au Maroc grâce à l’IA
L’auteur déclare ensuite que les progrès réalisés par l’intelligence artificielle laissent présager un nouveau cycle de croissance économique, qui pourra profiter au Maroc si celui-ci parvient à maîtriser la clé de voûte de la quatrième révolution industrielle. En effet, l’intelligence artificielle pourrait permettre aux citoyens marocains d’accéder à de meilleurs soins de santé, des voitures et autres modes de transport plus sûrs, ainsi que des services moins coûteux, mieux adaptés à leurs besoins et munis d’une plus longue durée de vie.
Réinventer l’Expérience Automobile au Maroc grâce à l’IA
L’auteur souligne que dans le cadre de l’industrie automobile, dont le Maroc est un des acteurs les plus en vue en Afrique, il existe de nombreuses applications de l’intelligence artificielle dans la voiture autonome. Elles concernent principalement l’apprentissage de la conduite par Machine Learning pour apprendre à la voiture comment se comporter en cas d’accident. L’intelligence artificielle intervient également dans la vérification de la qualité des organes de la voiture en maintenance prédictive ; dans la connaissance de l’environnement grâce aux données remontées de capteurs ; dans l’analyse du comportement du conducteur ou encore dans la cybersécurité pour surveiller l’état de la connectivité et éviter tout piratage.
Réinventer l’Expérience Touristique au Maroc grâce à l’IA
Du point de vue des entreprises, l’intelligence artificielle peut favoriser le développement d’une nouvelle génération de produits et de services. Elle est en passe de jouer un rôle majeur dans le renouvellement de l’industrie du tourisme. La technologie du « Machine Learning » permet de programmer un chatbot, ou assistant conversationnel, doté de deux qualités essentielles : le langage et l’intelligence cognitive. Véritable assistant personnel, le chabot peut fournir une réponse rapide et cohérente à des milliers de touristes en quête d’information ou d’un service, tel qu’un code Wifi, mais aussi une réservation de chambre ou de taxi. Le chatbot offre une conversation avec le client qui respecte la culture et l’image de marque de l’entreprise ou de la personne qui l’utilise.
Le cadre législatif de l’IA au Maroc
Au niveau du cadre législatif marocain concernant l’IA, notamment les libertés et les droits numériques, l’auteur a signalé, à cet égard, que les autorités marocaines ont adopté durant les vingt dernières années une batterie de mesures visant à mettre le numérique et le digital au service des citoyens marocains et à stimuler la compétitivité du Maroc dans ce domaine :
la loi n° 07-03 promulguée par le dahir n° 1-03-197 du 11 novembre 2003, modifiant et complétant le Code pénal ;
la loi n° 53-05 promulguée par le dahir n° 1-07-129 du 30 novembre 2007, relative à l’échange électronique de données juridiques ;
la loi n° 09-08 promulguée par le dahir n° 1-09-15 du 18 février 2009, relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel. Qui a, entre autres, porté la création de la Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à caractère Personnel (CNDP), chargée de veiller sur la protection des données personnelles contenues dans les fichiers et traitements informatiques ou papiers, aussi bien publics que privés;
la loin0 31-08 promulguée par le dahir n° 1-11-03 du 18 février 2011-rabii 1432, édictant des mesures de protection des consommateurs ;
la loi n° 1-20-69 du 25 juillet 2020 portant promulgation de la loi n° 05-20 relative à la cybersécurité.

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