C’est quoi le Pacte ESRI 2030?

En février 2022, le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a lancé un plan ambitieux : le Pacte ESRI 2030. Ce plan national vise à révolutionner l’écosystème de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation au Maroc. Son objectif ? Mettre l’enseignement universitaire en adéquation avec les normes internationales, répondre aux besoins du marché et de la société et contribuer au nouveau modèle de développement du pays.

Le pacte repose sur quatre axes stratégiques majeurs : l’excellence académique, la recherche scientifique, l’excellence opérationnelle et la gouvernance 4.0, en plus des territoires d’innovation. Soutenu par trois leviers majeurs de changement – la transformation numérique, l’amélioration de la performance du système, et la structuration, l’organisation et la réglementation – ce pacte vise à créer un environnement éducatif et de recherche dynamique en phase avec les enjeux actuels.

Pour le Ministère de tutelle l’approche collaborative a été au cœur du pacte ESRI 2030. Entre mars et juillet 2022, « les parties prenantes » ont participé à douze séances d’écoute et de consultation organisées sous forme d’assises régionales. Dans le même temps, trois plateformes collaboratives ont été instaurées : un site web informatif, une plateforme de consolidation des rapports universitaires, et une plateforme consultative réservée aux étudiants.

Bien que le rapport final du pacte n’a pas encore vu le jour, les intentions ont été clairement présentées lors de la première session ordinaire du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique en janvier 2023.

Une grande zone d’ombre: la formation des ingénieurs marocains.

Le Pacte ESRI 2030 a éveillé des espoirs quant à la modernisation de l’enseignement supérieur et au développement de la recherche scientifique au Maroc. Cependant, un point essentiel semble être resté dans l’ombre : la formation des ingénieurs. Alors que l’ingénierie joue un rôle clé dans le développement économique et technologique du pays, son absence des déclarations à propos du pacte est un élément troublant.

Les aspirations à l’amélioration de la qualité des formations d’ingénieurs n’ont pas trouvé d’écho dans les communications officielles entourant le Pacte ESRI 2030. Les réformes semblent se concentrer sur les programmes de licence et de la recherche scientifique, laissant ainsi un vide concernant les cycles de mastères et d’ingénieurs d’État.

La compétitivité des entreprises nationales, l’innovation technologique, et la résolution des défis environnementaux et sociétaux imposent une formation d’ingénieurs de haut niveau. Pourtant, l’absence « présumée » de mesures spécifiques pour améliorer ces programmes crée des incertitudes quant à l’engagement du pacte envers le développement holistique du pays.

Les établissements de formation d’ingénieurs devraient être des piliers dans la quête de transformation du système éducatif. Une autonomie accrue, une recherche scientifique renforcée et des partenariats avec le secteur privé sont autant de facteurs qui contribueraient à élever la qualité de ces formations. Le Pacte ESRI 2030, en négligeant ce volet, risque de ralentir le progrès attendu et d’entraver la préparation des ingénieurs aux défis complexes du XXIe siècle.

Dans un pays où l’ingénierie est un moteur clé du développement, la mise en place d’initiatives spécifiques pour le cycle « Ingénieur d’Etat » serait un pas crucial vers une transformation intégrale et durable de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. À l’heure où l’innovation et l’excellence sont nécessaires, il est impératif de mettre en lumière ce point obscur du Pacte ESRI 2030 et d’engager des actions concrètes pour garantir un avenir florissant pour l’ingénierie marocaine.