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Le Bizutage: une pratique à bannir au profit des programmes d’intégration

Bizutage

Dans ce contexte contaminé par la COVID-19, plusieurs établissements d’enseignement supérieur n’ont pu admettre leurs étudiants en formation présentielle. Ainsi, le sort de la prochaine rentrée universitaire demeure scellé entre les mains des statistiques de la pandémie et ce dont fera les autorités compétentes.

Toutefois, si nos étudiants auront la possibilité de rejoindre leurs campus dans les prochaines semaines il s’avère qu’elle sera dans le strict respect des précautions sanitaires. Du fait, elle sera posée à table la question du contact entre les étudiants et l’organisation du bizutage en signe de bienvenue aux nouveaux.

Le bizutage est-il interdit au Maroc?

Le législateur marocain n’a pas encore dédié une mesure spécifique contre la pratique du bizutage comme c’est le cas en France depuis 1998. Toutefois, il est essentiel de revenir à l’article 22 de la constitution marocaine qui précise trois situations essentielles :

  • Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit, privée ou publique.
  • Nul ne doit infliger à autrui, sous quelque prétexte que ce soit, des traitements cruels, inhumains, dégradants ou portants atteinte à la dignité.
  • La pratique de la torture, sous toutes ses formes et par quiconque, est un crime puni par la loi.

En conséquence, si le bizutage est comme a été clairement défini par l’article 14 du code pénal français : « Le fait pour une personne, d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations, ou de réunions liées aux milieux scolaires et socio-éducatifs » . Le Bizutage est par ricochet légalement interdit au Maroc.

Des actes de violence au nom de l’intégration

Pourtant, il est à constater que la majorité des étudiants des établissements de l’enseignement supérieur au Maroc subi et fait subir ces rituels dégradants au nom de l’intégration et sous l’égide du silence des administrations. Ces dernières, n’agissent qu’en cas de dépassements flagrants pour éteindre les feux dépassant les murs de leurs établissements.

C’était le cas du scandale des deux étudiantes agressées dans la cours de l’ENSMR (ex ENIM de Rabat) à la rentrée universitaire de 2019. Une vidéo de la scène a été mise en ligne, ce qui a provoqué un grand désarroi chez une large tranche de la population dont les étudiants eux mêmes.

A titre de rappel, les deux jeunes filles ont été conduites vers l’hôpital pour traiter des contusions et plaies affligés par leurs « collègues ». Pire encore, une d’elles a récolté une fracture à la main. L’affaire faisait entendre, en plus, des propos racistes à l’égard de la nouvelle admise.

Pouvons-nous nous en passer du bizutage ?

La réponse est certainement « OUI ». Il n’est plus tolérable de garder une pratique anticonstitutionnelle au sein de nos établissements d’enseignement supérieur. A leurs têtes, ceux destinés à la formation de nos ingénieurs. C’est une coutume qui enregistre de graves dérapages malgré le silence des victimes qui craignent d’aggraver les choses vers une sorte d’ostracisme permanent.

En l’occurrence, si l’ultime objectif du bizutage est d’accélérer l’intégration de la nouvelle promotion. Il suffit que les anciens s’engagent à côté de l’administration pour organiser une semaine d’intégration en bonne et due forme. Avec un programme riche d’enseignements, de partages d’expérience, de conseils d’orientation et surtout de jeux de société et de séances de teams building.

Une pratique à bannir

Le Maroc a plus besoin de cadres qui s’épaulent pour réussir les défis de la nation. Il a besoin de cadres qui savent valoriser leurs potentialités et celles de leurs équipes puis de les mettre au service du développement. Nous avons tellement besoin de faire sortir les leaders en chacun de cette relève. En soyons sûrs, le bizutage n’a jamais été la bonne voix pour atteindre ces objectifs.

Il ne fait qu’ancrer les mauvaises pratiques de supériorité, de subordination et d’alliances venimeuses qui s’éloignent des valeurs universelles dont le respect de l’humain en nous. Il ne fait que semer des conflits intergénérationnels au moment où nous avons le plus besoin de complicité entre toutes les compétences.

Une forte probable inversion des positions

Chers futurs cadres, que sauriez-vous dire devant des « bizuts » que vous avez « inconsciemment » agressés au nom d’une fausse intégration et qui deviendront vos chefs hiérarchiques ou au moins membres de comités de sélection dans un entretien ?

Pensez-y sérieusement avant de vous lancer dans de tels incontrôlables fausses manœuvres. L’avenir est tellement moqueur et le milieu professionnel ne reconnaît que la compétence en fin de compte. En plus, aucun recruteur ne penchera vers votre candidature juste parce que vous justifiez d’un an ou deux de plus qu’un autre candidat.

Soyons aimable avec notre relève et créons notre réseau professionnel dès notre premier jour à l’école. Chaque bonne connaissance est une opportunité de collaboration, présente ou future.

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