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Ingénieurs d’État fonctionnaires en 2025 : quand la stabilité se paie au prix fort !

Salaire ingénieur d'État au Maroc en 2025

“Pourquoi tant d’intelligences brillantes acceptent elles de plafonner aussi bas ? Est-ce le prestige du titre ou l’illusion de la sécurité ?” Voici l’histoire budgétaire d’une ambition sacrifiée.

Dans l’imaginaire collectif marocain, être ingénieur d’État rime encore avec prestige, réussite et stabilité. Mais derrière ce titre valorisant, la réalité des chiffres impose un tout autre récit. En 2025, que signifie vraiment être ingénieur fonctionnaire au Maroc ? Et surtout, quel avenir attend ces profils tant convoités sur le papier, mais trop souvent négligés dans les politiques salariales publiques ?

Des débuts respectables, une évolution poussive

L’ingénieur d’État fraîchement recruté débute sa carrière dans l’administration marocaine avec un salaire net mensuel de 9 865,76 dirhams (indice 336). Une rémunération honorable pour un premier poste. Mais c’est à partir de là que les illusions commencent à s’effriter.

Au bout de quatre années, s’il réussit un concours d’aptitude professionnelle, il peut accéder au grade principal avec un salaire de 12 510,00 dirhams (indice 509). Pour les autres, ce passage se fait automatiquement après cinq ans d’ancienneté. En clair : 2 655 dirhams d’augmentation sur 5 ans.

Oui, vous avez bien lu. Et ce n’est que le début d’une longue attente.

Six années de patience pour 2 410 dirhams

Pour accéder au grade de « Ingénieur en Chef » (IEC), aucune épreuve de mérite n’est prévue. Seule l’ancienneté – et un peu de chance – décide du sort. Après six ans au grade principal, l’ingénieur peut figurer sur les tableaux d’avancement, limités à un quota de 33 %. Autrement dit, deux ingénieurs sur trois resteront sur le banc d’attente. Ceux qui échouent quatre fois d’affilée (soit dix ans de patience), sont enfin promus hors quota, avec un salaire de 14 920,00 dirhams (indice 704).

Encore une fois : 2 410 dirhams de plus… pour 6 à 10 années de service.

Une progression rigide, sans mérite

Le schéma se répète pour le passage au grade supérieur, celui de « Ingénieur en Chef Principal ». Aucune reconnaissance du mérite. Aucun concours. Juste de l’attente, encore. Le plafond salarial atteint alors 20 579,00 dirhams (indice 870).

Soit une progression de 5 659 dirhams étalée sur 6 à 10 années supplémentaires.

Encore une décennie pour une progression que le privé offre en 2 à 3 ans.

Enfin, pour les plus tenaces, reste un ultime espoir : l’avancement d’échelon tous les trois ans, jusqu’à plafonner après 15 années au même poste, à 20 882,63 dirhams nets (indice 990). Une hausse dérisoire de 300 dirhams en 15 ans.

Le parcours d’un combattant administratif

Faisons les comptes.

Un ingénieur d’État recruté à 25 ans en 2025 et évoluant dans les meilleures conditions (temps minimal requis) atteindra le plafond salarial de 20 882,63 dirhams après 31 ans de service, soit à l’âge de 56 ans. Pour les moins chanceux – ou simplement les plus nombreux – ce plafond n’arrivera qu’au bout de 40 années, à la veille de leur retraite.

Stabilité contre sacrifice

Pendant ce temps, un ingénieur dans le secteur privé peut atteindre – voire dépasser – ce niveau de rémunération après 5 à 7 ans d’expérience, avec des primes, des opportunités d’évolution, et parfois des conditions de travail bien plus dynamiques.

Alors la question dérange :

Pourquoi choisir ce destin ?
La stabilité justifie-t-elle un manque à gagner aussi énorme ?
Quel sens à une carrière figée, sans reconnaissance du mérite, ni récompense à l’effort ?

Une réforme devenue urgente

Il ne s’agit pas ici d’opposer public et privé, mais de poser un débat de fond : celui de la reconnaissance du travail, de la compétence et de l’engagement. Les ingénieurs d’État sont souvent au cœur des grands projets d’infrastructure, de recherche ou d’innovation publique. Les cantonner à des statuts rigides et dépassés, c’est freiner la dynamique même du développement national.

Le Maroc a besoin de ses ingénieurs. Et plus encore, il a besoin de leur motivation, de leur innovation, de leur énergie. Mais il ne suffit plus de leur promettre une retraite honorable et quelques titres. Il faut leur offrir un vrai parcours professionnel, avec des perspectives, des moyens, et une reconnaissance à la hauteur de leurs responsabilités.

Peut-on encore attirer et retenir les meilleurs talents dans la fonction publique avec un plafond de verre à 21.000 dirhams ?

Ce n’est pas seulement un problème de salaires. C’est un enjeu de compétitivité nationale, de souveraineté, et d’équité intergénérationnelle. Car les ingénieurs d’État ne demandent pas des privilèges. Ils demandent du respect. Et un avenir.

En 2025, le Maroc ne peut plus se permettre de décourager ses talents.
Il est temps de repenser en profondeur le statut des ingénieurs dans la fonction publique, de libérer les énergies et de valoriser enfin ceux qui construisent le pays… au quotidien.

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