Les élèves ingénieurs au Maroc rebiffent la formation à distance
Rejoignez vos classes! Vos internats pas tout de suite.
Le 28 Septembre 2021, la Coordination Nationale des élèves ingénieurs au Maroc (CNEIM) a dénoncé l’intention de leurs administrations d’étaler la formation à distance ou en alternance pour la deuxième année consécutive. Une position très compréhensible de la part d’une jeunesse qui a souffert, durant une année et demie, des méfaits d’une telle décision sur la qualité de leurs enseignements.
Deux jours après, un communiqué du ministère de tutelle est venu annoncer la reprise des cours à compter du 1er octobre 2021 pour tous les cycles. A la surprise de tous, une nouvelle panique s’est installée chez les élèves ingénieurs et leurs tuteurs. Comment peuvent-ils reprendre les cours en mode présentiel sans qu’ils aient accès à leurs internats ?
A titre de précision, notre cartographie des formations d’ingénieurs au Maroc diffusée en avril 2021, a révélé que les élèves installés sur 75% du territoire marocain sont obligés de migrer s’ils désirent devenir ingénieurs. Autrement dit, l’accessibilité au logement constitue un impératif pour l’obtention du diplôme d’ingénieur d’Etat au Maroc.
Complément : CARTOGRAPHIE DES FORMATIONS D’INGENIEUR D’ETAT AU MAROC
Réactions harmonisées des élèves ingénieurs
Les futurs ingénieurs de l’école nationale supérieure des mines de Rabat (ex ENIM) ont dépêchés le 30 Septembre 2021 un virulent communiqué de presse. Par son biais, ils ont fixé un délai de 48h à leur administration pour autoriser leur accès à l’internat. A défaut, ils n’iront rejoindre leurs classes et protesteront jusqu’à l’obtention de leurs revendications légitimes.
La tension a aussi touché son pic chez les étudiants de l’Institut Agronomique et Vétérinaire (IAV). Insatisfaits des décisions de la tutelle. Ils ont annoncé, le 30 Septembre 2021, une grève ouverte jusqu’au rétablissement de la formation en mode présentiel et l’ouverture des internats à tous.
Même scénario, chez les étudiants de l’Institut National des Postes et des Télécoms (INPT). Ils ont eux aussi annoncé le boycott de la rentrée universitaire 2021/2022 à cause des catastrophiques résultats de la formation à distance et de l’indisponibilité de leur internat.
Réponse du ministère de la tutelle
Faisant les pompiers, la tutelle a déclaré ce dernier 02 Octobre 2021, l’ouverture graduelle des cités universitaires à partir du 11 Octobre 2021. Ceci dit, les internats relevant des établissements de formation des ingénieurs devraient suivre la même directive.
Avisée de cette décision, la coordination nationale des élèves ingénieurs au Maroc a immédiatement suspendu les protestations qu’elle comptait organiser du 04 au 12 Octobre 2021.
La formation à distance vide le cycle ingénieur de son essence
Via leur communiqué du 30 Septembre 2021, les élèves ingénieurs de l’ENSMR ont eu l’audace de dénoncer publiquement la nonchalance des décideurs quant à la situation critique (morale et financière) de tous leurs collègues relevant des établissements publics au Maroc.
En effet, tous les élèves ne disposent pas à domicile ni d’ordinateurs ni de connexion internet fiables. Sans substituts, ils ont été privés de leurs travaux pratiques, sorties pédagogiques et stages en entreprises. Enfin et non des moindres, ils ont été victimes de l’absence d’un système d’évaluation qui tient compte des défaillances de la formation à distance.
Revisitant le cahier des normes pédagogiques du cycle « Ingénieur d’Etat » adopté en 2014 par la CNCES, il s’avère que ces manquements revêtent un grave caractère. Ils témoignent sans besoin d’appel, de la défaillance du principal pilier de ce cycle, à savoir: la praticité.
Complément : DES DIFFÉRENCES ENTRE LES DIPLÔMES « INGÉNIEUR » ET « MASTER EN INGÉNIERIE »
Par conséquent, obstruer l’accès des élèves ingénieurs à leurs salles spécialisées, laboratoires et stages en entreprises, même à cause de cette pandémie, constitue un coup dur qui met à mal la fiabilité et la compétitivité du produit final.
Finalement, nous réitérons l’appel à tous les acteurs de l’ingénierie nationale afin d’unir les efforts et garantir une meilleure formation à la relève.